Gestion de trésorerie : anticiper la prochaine levée de fonds

16 avril 2025

Comprendre l’enjeu majeur de la trésorerie en start-up

La gestion de trésorerie est un sujet absolument central pour toute start-up en quête de performance et de durabilité. En effet, dès que l’on décide d’entreprendre, on se retrouve rapidement confronté à un double défi : financer le quotidien (salaires, charges, matières premières, location des bureaux) et préparer l’avenir (recherche et développement, marketing, recrutement d’experts clés). Or, pour anticiper et réussir sa prochaine levée de fonds, il est nécessaire de suivre de près chaque euro qui sort et qui entre dans les caisses.

Même si cela peut sembler intimidant à première vue, avoir une vision claire de sa trésorerie permet de prendre des décisions stratégiques en toute connaissance de cause. Nombre d’entrepreneurs réalisent trop tard qu’ils ont sous-estimé leurs besoins de trésorerie et doivent se lancer dans une levée de fonds dans la précipitation. Cette situation peut aboutir à des négociations moins favorables, voire à des échecs de financement. Je me suis moi-même retrouvé aux côtés de start-up qui, faute d’anticipation, ont dû renoncer à des projets prometteurs parce qu’elles n’avaient pas correctement planifié leurs besoins, alors même qu’elles avaient une croissance potentielle très intéressante.

Cependant, je tiens à souligner qu’une bonne gestion de trésorerie n’est pas seulement un outil d’anticipation pour la levée de fonds : c’est aussi un outil pour assurer la santé de l’entreprise et offrir une certaine flexibilité face aux aléas. En cas de crise sectorielle, de ralentissement économique ou de retard de commandes, la trésorerie représente votre bouclier et vous laisse le temps de vous réajuster. C’est pourquoi je recommande toujours de traiter la trésorerie comme un actif stratégique, et non comme un simple réceptacle de flux entrants ou sortants.

Dans la suite de cet article, j’expliquerai comment calculer et piloter votre burn rate, définir des scénarios financiers réalistes, choisir le bon moment pour enclencher la levée de fonds et convaincre les investisseurs grâce à des indicateurs bien maîtrisés. Nous aborderons également les erreurs courantes à éviter et des conseils pratiques pour gérer efficacement votre trésorerie au quotidien. Mon objectif est de vous aider à structurer chaque étape de votre projet en tenant compte de ce paramètre crucial.

Calculer le burn rate et surveiller ses dépenses

Le burn rate correspond au rythme auquel votre entreprise consomme sa trésorerie. À titre d’exemple, si vous dépensez 50 000 € par mois et que vos ventes ou vos revenus ne compensent pas cet argent qui sort, vous avez un burn rate de 50 000 €. Ce chiffre est vital pour toute start-up qui ne génère pas encore de profits. Connaître précisément son burn rate permet d’évaluer la durée de vie financière (ou runway) de l’entreprise avant de se retrouver à court de liquidités.

Lorsque j’accompagne de jeunes fondateurs, je leur suggère systématiquement de décomposer clairement l’ensemble de leurs dépenses. Les salaires représentent souvent la plus grosse part, suivis par le marketing, la communication, et les coûts de développement technique. L’objectif n’est pas de faire la chasse à tous les coûts, mais d’être conscient de chaque ligne budgétaire. Cela permet d’identifier des postes sur lesquels on peut optimiser, par exemple en négociant un prix plus avantageux auprès d’un fournisseur ou en différant une dépense non essentielle.

Ce suivi devient déterminant pour anticiper votre prochaine levée de fonds. Si vous savez que vous consommez 100 000 € de trésorerie par mois et que vous avez 1,2 million d’euros en caisse, vous disposez de 12 mois avant de vous retrouver à sec. Cependant, il peut être sage de viser une levée de fonds 3 ou 4 mois plus tôt, afin de ne pas négocier en situation de faiblesse. Ainsi, vous avez plus de marge de manœuvre et d’arguments pour obtenir les termes de financement les plus avantageux possible.

Concrètement, je vous invite à créer un tableau de bord simple mais complet où vous renseignez toutes vos dépenses de manière hebdomadaire ou mensuelle. Vous pouvez y inclure des hypothèses d’accélération ou de ralentissement pour être parfaitement conscient des variations possibles. Cette habitude vous permettra non seulement de piloter votre burn rate, mais aussi de démontrer votre rigueur face à de futurs investisseurs. Ils apprécient particulièrement les entrepreneurs qui ont une maîtrise fine de leurs dépenses et qui savent justifier chaque dépense majeure.

Bâtir des prévisions financières solides

La projection financière est souvent sous-estimée par les porteurs de projet, alors qu’elle constitue l’un des éléments-clés dans la gestion de trésorerie et dans la définition du moment opportun pour lever des fonds. Une bonne prévision financière vous permet d’estimer vos revenus, vos coûts et votre trésorerie future en fonction de différents scénarios. Je conseille souvent de prévoir trois variantes : un scénario pessimiste, un scénario réaliste et un scénario optimiste. Cela vous offre un panorama assez large pour comprendre où se situe votre point d’équilibre et quelles sont les marges de manœuvre disponibles.

Le business plan qui en découle n’est pas un document figé : c’est un outil vivant qui doit être mis à jour régulièrement. Par exemple, si vous constatez que vos ventes online progressent 20 % plus vite que prévu, pourquoi ne pas réajuster votre stratégie marketing davantage vers ce canal ? À l’inverse, si le recrutement de profils techniques s’avère plus coûteux et plus long que vous l’aviez anticipé, cela peut impacter votre date de break-even et augmenter votre besoin de financement.

Un point essentiel est de toujours rester prudent dans ses hypothèses. J’ai souvent vu des start-up sous-estimer la complexité du cycle de vente ou surestimer la vitesse d’adoption de leur produit. Il vaut mieux avoir un plan de prévision financière légèrement conservateur et ensuite dépasser ses objectifs, plutôt que de construire un plan trop agressif et se retrouver face à un manque de trésorerie. Les banquiers et investisseurs ont tendance à se méfier des business plans trop idylliques : il est donc préférable de soigner la crédibilité de ses hypothèses.

Dans votre tableau de prévision, vous pouvez inclure des éléments comme : le chiffre d’affaires estimé, le coût d’acquisition client, la marge brute, les charges opérationnelles et le cash flow net. Plus vous êtes précis dans la répartition de vos charges (frais de personnel, hébergement, outils numériques, charges financières), plus vous pourrez ajuster en temps réel. Cette rigueur est particulièrement précieuse lorsque vous présenterez votre dossier à des investisseurs potentiels, car ils voudront vérifier la cohérence des différentes lignes et leur impact sur votre prévision de trésorerie.

L’importance du suivi régulier

Vous pouvez projeter autant de chiffres que vous voulez, si vous ne les mettez pas à jour régulièrement, vous passerez à côté de la réalité évolutive de votre entreprise. Je recommande de prendre au moins une demi-journée par mois pour faire ce suivi, voire une journée complète si votre activité est complexe. Un outil qui peut s’avérer très utile est l’intégration d’un logiciel de comptabilité et d’un outil de reporting automatisé. Cela vous évite de dissocier vos comptes d’exploitation de votre projection de trésorerie. Vous pouvez ainsi identifier rapidement les écarts entre prévisions et réalisations, et ajuster votre stratégie en conséquence.

Scénarios multiples et évaluation du risque

En période d’incertitude économique ou de forte mutation de votre marché, votre gestion de trésorerie peut être mise à rude épreuve. C’est là que les scénarios multiples prennent tout leur sens. Supposons que vous prévoyez une croissance mensuelle de vos ventes de 10 %. Dans un scénario pessimiste, vous pourriez ne faire que 5 %, ce qui implique que vous devriez revoir votre calendrier de recrutement ou négocier avec vos fournisseurs pour maintenir vos marges. Dans un scénario optimiste, vous pourriez atteindre 15 %, amenant la question du recrutement plus rapidement que prévu ou de l’investissement plus massif dans le marketing pour accélérer votre expansion.

J’ai vu des start-up qui, grâce à ce travail de prévision en scénarios, parvenaient à mieux convaincre les investisseurs puisqu’elles démontraient leur capacité d’anticipation. Les fonds d’investissement sont très sensibles à la prise en compte des aléas. Plus vous montrez que vous avez analysé diverses hypothèses et préparé des plans de contingence, plus vous gagnez en crédibilité et en confiance auprès de vos interlocuteurs.

Choisir le bon moment pour enclencher la levée de fonds

Le timing de la levée de fonds est un art délicat. S’y prendre trop tôt peut impliquer une dilution trop importante du capital, car vous n’aurez pas encore démontré suffisamment de traction ou de validité de votre modèle économique. Attendre trop tard peut, au contraire, vous mettre dans une situation d’urgence où la trésorerie fond comme neige au soleil. L’idéal est donc de lever au moment où vous pouvez montrer des indicateurs solides, tout en conservant quelques mois de trésorerie d’avance pour ne pas négocier le couteau sous la gorge.

En général, lorsque je travaille avec des entrepreneurs, je leur conseille de commencer à planifier leur levée de fonds entre 6 et 9 mois avant qu’ils n’aient vraiment besoin de cash. Pourquoi ? Parce que lever des fonds prend du temps : il faut identifier les bons investisseurs, préparer le pitch, réaliser des rendez-vous, passer par des phases de due diligence et enfin signer le pacte d’actionnaires. Tout ce processus peut durer plusieurs mois, surtout si vous visez des financements importants ou que vous négociez avec plusieurs fonds simultanément.

En outre, le moment de la levée peut dépendre de la dynamique de votre marché : si vous êtes dans un secteur très concurrentiel où les acteurs historiques investissent massivement, il peut être judicieux de lever plus tôt pour capitaliser sur votre avance. À l’inverse, si votre marché est plus stable ou en phase de découverte, vous pouvez vous accorder un délai pour peaufiner votre offre et consolider votre base client. La clé demeure dans la capacité à prouver votre traction et la solidité de votre gestion de trésorerie, gages de confiance pour les investisseurs.

Convaincre les investisseurs avec des indicateurs financiers maîtrisés

Lorsque vous vous lancez dans une levée de fonds, vous serez jugé, très logiquement, sur la solidité de vos indicateurs financiers : marge brute, nombre de clients actifs, récurrence de revenus, croissance mensuelle ou trimestrielle, ratio d’endettement, etc. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne suffit pas de présenter de beaux graphiques en hausse pour convaincre. Les investisseurs vont creuser pour comprendre la fiabilité de ces chiffres, la cohérence avec votre marché et la qualité de votre stratégie.

Autrement dit, si vous parvenez à démontrer que votre gestion de trésorerie est rigoureuse et que vos scénarios financiers sont pertinents, vous aurez un avantage concurrentiel majeur. Les fonds d’investissement n’aiment pas les aléas, ils préfèrent miser sur des structures capables de grandir tout en gardant un certain sens de la mesure. Pour eux, une start-up qui brûle de l’argent sans penser aux rentrées futures est souvent un risque. À l’inverse, une start-up capable de décrire précisément la façon dont elle va utiliser les fonds pour créer de la valeur aura beaucoup plus de chances de sortir du lot.

J’ai constaté à plusieurs reprises que mettre en avant la capacité à optimiser ses coûts faisait très bonne impression. Par exemple, si vous expliquez que vous avez opté pour du marketing d’influence moins onéreux que les campagnes payantes traditionnelles et que cela vous a permis de conserver 30 % de votre budget pour d’autres postes, vous mettez en lumière votre sens stratégique. De même, si vous démontrez que vous disposez d’un plan B au cas où la production serait retardée, votre discours gagne en crédibilité.

Principaux tableaux et mesures à présenter

Pour convaincre efficacement, vous pouvez préparer des tableaux de synthèse. Voici, par exemple, ce que les investisseurs aiment voir :

  • Tableau du burn rate : dépenses mensuelles et revenu mensuel, mettant en évidence votre runway.
  • Projection de trésorerie : sur les 12 prochains mois, voire 24 mois, avec différents scénarios.
  • Ratio de rétention client : indispensable si vous proposez un modèle par abonnement (SaaS).
  • Coût d’acquisition client (CAC) et valeur vie client (LTV) : pour juger la rentabilité de votre business.

Pour chacun de ces indicateurs, préparez un bref historique, un état présent et une projection. Cette vision globale aide les investisseurs à se projeter dans l’évolution de votre start-up et à comprendre à quel moment votre point mort sera atteint, ou dans quelle mesure vous pourrez générer une rentabilité suffisante pour justifier de nouvelles étapes d’investissement.

Déjouer les pièges courants

L’anticipation est la clé, mais de nombreux obstacles peuvent se mettre en travers de votre chemin si vous n’êtes pas attentif. Le premier piège consiste à sous-estimer l’impact de la croissance sur vos besoins. En effet, une croissance rapide requiert souvent des embauches, des achats de matières premières ou une extension de vos capacités de production. Tous ces éléments pèsent sur la trésorerie avant même que les nouveaux revenus ne rentrent dans les caisses. J’ai vu des start-up tomber dans ce piège, en pensant que le succès commercial suffirait à tout compenser. Malheureusement, la trésorerie peut s’évaporer rapidement si vous n’avez pas prévu un matelas solide.

Un deuxième piège est le manque de flexibilité : on conçoit un plan financier très linéaire en se disant que tout se déroulera comme prévu. Or, la réalité est rarement aussi lisse : il y a souvent des retards de paiement, des clients plus chronophages que prévu, ou encore la nécessité de revoir la stratégie produit en cours de route. Dans ce cas, mieux vaut disposer d’une trésorerie suffisante pour absorber ces chocs. Sinon, vous risquez de devoir composer avec des solutions de financement coûteuses, comme l’affacturage mal négocié ou des avances de trésorerie aux taux prohibitifs.

Enfin, je mets souvent en garde contre l’excès d’optimisme. S’il est nécessaire de croire en son projet, il faut également savoir garder un certain réalisme dans l’évaluation des ressources et du temps que demandent les étapes clé. Les investisseurs repèrent rapidement les fondateurs trop optimistes, qui minimisent les difficultés. En plus d’être peu crédible sur le long terme, cela fragilise votre capacité à faire face aux aléas. Mieux vaut afficher un plan raisonnable, voire humble, et avoir de bonnes surprises, plutôt que de surestimer votre trésorerie en faisant miroiter des gains qui n’arriveront pas nécessairement.

Développer une discipline financière au quotidien

Au-delà des projections et des scénarios, il est crucial de s’imposer une discipline financière au quotidien. Cela commence par une comptabilité à jour et une bonne organisation de vos pièces justificatives. Même si cela peut paraître fastidieux, c’est le socle qui vous permettra de piloter votre trésorerie de manière précise et fiable. De plus, lorsqu’un investisseur effectuera une due diligence, il vérifiera la cohérence entre vos comptes et vos projections. S’il constate un écart ou un manque de fiabilité dans vos chiffres, vous perdrez rapidement en crédibilité.

Je recommande également de mettre en place des processus simples pour valider certaines dépenses. Par exemple, au-delà d’un certain montant, la dépense doit être validée par deux personnes au lieu d’une seule. Ce n’est pas pour brider votre créativité ou pour alourdir votre structure, mais pour vous assurer qu’aucune dépense importante n’échappe à votre vigilance. Dans la même optique, un reporting mensuel destiné aux membres clés de l’équipe permet d’identifier et d’analyser les dépenses dépassant le budget initial. Cela peut servir d’alerte précoce et encourager les discussions sur la nécessité de prioriser certains postes de dépenses.

Une autre bonne pratique est de surveiller la rotation des encours clients et fournisseurs. Si vous offrez des conditions de paiement trop généreuses à vos clients, vous pourriez vous retrouver en difficulté en attendant leurs règlements. À l’inverse, vous pouvez négocier vos délais de paiement auprès de vos fournisseurs pour mieux lisser votre trésorerie. Ces tactiques ne résolvent pas tout, mais elles peuvent vous donner une marge de manœuvre plus confortable et éviter les tensions de fin de mois.

Stratégies pour anticiper en continu

Bien gérer sa trésorerie, ce n’est pas seulement un exercice à faire juste avant une levée de fonds. Au contraire, il s’agit d’inscrire cette approche dans une logique de gestion continue. Certains entrepreneurs choisissent de faire un point formel sur leurs finances tous les trimestres, en passant en revue les écarts par rapport aux prévisions et en décidant d’éventuels redéploiements budgétaires. D’autres, plus prudents, optent pour des révisions mensuelles afin de ne jamais perdre le contrôle.

Si vous prévoyez une levée de fonds dans les 12 prochains mois, ajustez votre discipline pour affiner chaque détail : peaufinez votre pitch deck, vérifiez la cohérence de vos prévisions avec la réalité du marché et assurez-vous que tout est cohérent dans vos documents légaux (statuts, Kbis, contrats avec les partenaires stratégiques). Rien n’est plus décourageant pour un investisseur que de découvrir un désordre administratif ou financier alors qu’il était prêt à faire confiance à votre start-up.

Vous pouvez par ailleurs commencer à sonder les investisseurs plusieurs mois en amont, pour évaluer à quel moment votre dossier sera le plus solide. Ainsi, lorsque vous aurez besoin d’argent frais, vous ne partirez pas de zéro : vous disposerez déjà de contacts, et vous pourrez leur fournir des mises à jour régulières sur votre progression. De nombreux fonds apprécient de suivre l’évolution d’une start-up sur plusieurs mois avant de s’engager, car cela leur permet de mieux évaluer la qualité du management et la cohérence de la vision stratégique.

Cas pratique de planification

Prenons l’exemple d’une jeune entreprise spécialisée dans l’édition de logiciels SaaS pour la gestion RH. Supposons qu’elle génère 20 000 € de revenus mensuels récurrents grâce à ses abonnements, mais qu’elle dépense 50 000 € par mois (salaires de développeurs, hébergement cloud, dépenses marketing). Cela signifie qu’elle a un burn rate de 30 000 € par mois. Avec une trésorerie actuelle de 300 000 €, elle dispose donc de 10 mois de runway.

Si elle compte lever 1 million d’euros à un horizon de 6 mois pour accélérer la croissance, elle doit s’interroger : peut-elle réduire son burn rate en attendant, par exemple en limitant la publicité payante si le retour sur investissement est trop faible ? Peut-elle augmenter ses ventes plus rapidement via des partenaires ou un nouveau canal de distribution ? Peut-elle ouvrir une ligne de crédit avec sa banque pour sécuriser ce passage de 6 mois ? Tous ces éléments font partie d’un pilotage adapté de la trésorerie et permettent d’arriver à la levée de fonds dans des conditions plus sereines et maîtrisées.

Exploiter la collaboration et l’innovation pour renforcer sa trésorerie

Je suis convaincu que l’innovation ne se limite pas à la technologie : elle peut aussi concerner les modèles financiers et la manière de négocier des partenariats. Parfois, vous pouvez conclure un partenariat stratégique avec un acteur qui vous ouvre son réseau de distribution, réduisant ainsi vos coûts d’acquisition. D’autres fois, vous pouvez mutualiser des ressources avec une start-up complémentaire : partager les frais de bureau, de logistique ou de transport pour diminuer les charges fixes. Chaque euro économisé, ou investi plus intelligemment, repousse le moment où vous devrez lever des fonds et renforce votre position de négociation le jour J.

Il existe également des solutions de financement non dilutives qui peuvent soutenir votre trésorerie. Par exemple, dans certains pays, les subventions à l’innovation, les avances remboursables ou les prêts d’honneur peuvent apporter un souffle supplémentaire. Cela ne veut pas dire qu’il faut s’y appuyer aveuglément, mais cela peut aider à franchir un cap crucial entre deux levées de fonds. Montrez-vous curieux et explorez les dispositifs d’aide régionale ou nationale, vous pourriez y trouver des opportunités financières intéressantes pour compléter votre plan de financement.

Recommandations finales et état d’esprit

Après plus de 12 ans passés aux côtés de fondateurs dans des secteurs variés, je peux affirmer que l’état d’esprit est presque aussi important que les outils lorsque l’on parle de gestion de trésorerie. Être confiant dans son projet ne doit pas empêcher d’être vigilant. Être ambitieux ne doit pas se faire au détriment de la rigueur dans le calcul des coûts et des ressources nécessaires. Inversement, être réaliste ne veut pas dire abandonner ses rêves de croissance : il s’agit simplement de les construire sur une base financière solide.

Si vous regardez les start-up qui réussissent leurs levées de fonds, vous remarquerez qu’elles ont toutes un point commun : elles savent mettre en avant la solidité de leur modèle et la clarté de leur vision pour les mois à venir. Cela n’empêche pas les imprévus, mais cela montre qu’elles ont fait leur part de travail d’anticipation. Les investisseurs ne demandent pas une boule de cristal, ils demandent une roadmap cohérente, étape par étape, et des données tangibles qui valident la pertinence de cette roadmap.

Vous l’aurez compris, la gestion de trésorerie est bien plus qu’un simple suivi de votre compte bancaire. C’est un levier stratégique pour sécuriser vos opérations courantes, rassurer vos partenaires, et mettre en valeur votre start-up auprès des investisseurs. Chaque euro économisé ou correctement investi représente autant de temps gagné pour consolider votre position, affiner votre produit et développer votre marché. Chaque mois de trésorerie de plus vous permet de choisir le bon moment pour lever des fonds, dans les meilleures conditions, et éviter l’urgence qui pousse souvent à brader son capital.

En suivant ces conseils et en adoptant une attitude proactive, vous devriez être en mesure de construire une entreprise plus robuste et plus attractive. Prenez le temps de formaliser vos stratégies de trésorerie, de tester vos hypothèses, d’affiner vos business plans et de nouer des partenariats judicieux. Vous verrez rapidement que cette rigueur vous servira bien au-delà de la prochaine levée de fonds. Votre start-up gagnera en clarté, en crédibilité et en capacité à saisir les opportunités du marché.

  • Analyser son burn rate et maîtriser ses dépenses permet de connaître sa marge de manœuvre.
  • Construire des prévisions financières crédibles rassure les investisseurs et facilite le choix du moment opportun pour lever.
  • Une négociation sereine est possible lorsque l’on anticipe la date de levée de fonds et que l’on ne se trouve pas en urgence de trésorerie.
  • La discipline financière et la transparence au quotidien se transforment en atouts compétitifs sur le long terme.

Finalement, n’oubliez pas que la réussite d’une start-up repose autant sur la créativité de son équipe que sur sa capacité à exécuter brillamment son plan. Et ce plan n’est réalisable que si vous avez les ressources financières nécessaires pour avancer. En restant pragmatique, curieux et enthousiaste, vous pourrez faire de votre trésorerie un véritable facilitateur d’innovation, et non un frein à votre développement. Gardez le cap, évaluez régulièrement votre situation et n’ayez pas peur de revoir votre stratégie si les chiffres montrent un décalage. Les investisseurs eux-mêmes sont souvent plus enclins à accompagner une équipe réactive et agile qu’une équipe trop rigide ou imprudente.

J’espère que ce partage d’expérience vous aidera à mieux comprendre les leviers à votre disposition pour anticiper une levée de fonds sans compromettre la croissance de votre entreprise. La gestion de trésorerie est un savoir-faire qui se construit au fil des mois, à force de vigilance et d’itérations. Restez confiant, gardez l’esprit ouvert, et laissez-vous porter par la dynamique positive que vous aurez créée grâce à une organisation financière saine. Si vous parvenez à conjuguer ambition et rigueur, vous aurez déjà fait un grand pas vers le succès et la pérennité de votre projet entrepreneurial.

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