Identifier vos priorités stratégiques
Avant de vous plonger dans l’analyse concrète des différents statuts, je vous recommande de définir clairement vos priorités stratégiques. Souhaitez-vous vous associer avec plusieurs partenaires ? Prévoyez-vous une levée de fonds assez rapide ? Quelle est la nature de votre activité principale (prestations de services, plateforme technologique, fusion de plusieurs briques logicielles) ? Avez-vous un plan de développement à l’international ? Combien de personnes vont constituer l’équipe fondatrice ? Les réponses à ces questions orienteront grandement votre choix : une plateforme d’innovation amenée à croître rapidement nécessitera une structure flexible et attractive pour des actionnaires, tandis qu’un projet plus modeste, orienté vers l’expertise locale, pourrait se satisfaire d’un cadre d’entreprise individuelle ou de micro-entreprise.
Dans la plupart des cas, je constate que la plateforme d’innovation a vocation à devenir un véritable lieu de convergence de compétences et d’initiatives, avec la perspective d’accueillir des investisseurs institutionnels ou des partenaires industriels. Par conséquent, vous devez dès le début vous positionner sur des statuts que l’on peut aisément faire évoluer, notamment en termes de capital social et de gouvernance. De même, vous devrez prendre en compte la facilité de mise en place des pactes d’associés et l’organisation des décisions stratégiques.
La micro-entreprise : une introduction simple, mais limitée
La micro-entreprise (anciennement auto-entreprise) peut sembler attrayante lorsqu’on veut se lancer rapidement avec peu de formalités et sans prévoir un budget conséquent. Sous ce régime, la gestion administrative est allégée : déclaration de chiffre d’affaires simplifiée, peu de charges sociales en l’absence de revenus, etc. Toutefois, pour une plateforme d’innovation, ce statut est généralement trop limité et ne permet pas d’accueillir des fonds extérieurs ou de dissocier votre patrimoine personnel de celui de votre activité. Les investisseurs institutionnels ou business angels seront peu enclins à financer un projet sous forme de micro-entreprise. De plus, vous ne pourrez pas compter sur une gouvernance partagée, puisque ce statut ne prévoit pas la notion d’associé.
En d’autres termes, la micro-entreprise peut convenir si votre plateforme d’innovation ne vise qu’un démarrage expérimental ou un test de marché limité. Par exemple, si vous souhaitez simplement vendre des prestations de conseil en accompagnant quelques projets innovants, sans engager d’autres parties prenantes, ce statut peut être un point de départ. Mais dès lors que vous envisagez de structurer sérieusement une plateforme (avec des partenariats multiples et une expansion rapide), vous devrez opter pour une société plus robuste.
L’association : une structure collective au service de l’innovation
Une association loi 1901 peut aussi être un choix intéressant pour les projets dont l’objectif se veut davantage non lucratif ou porté vers la mutualisation de ressources. On trouve parfois des clusters d’innovation, des pôles de compétitivité ou des regroupements de chercheurs constitués sous forme associative. Cette forme juridique donne une grande flexibilité dans l’organisation et l’accueil de membres, que ce soient des personnes physiques ou morales. Par ailleurs, l’aspect collaboratif peut être mis en avant pour décrocher certaines subventions ou partenariats d’institutions publiques (collectivités territoriales, agences gouvernementales, etc.).
En revanche, si votre plateforme ambitionne de générer des bénéfices conséquents et de redistribuer ces gains à des actionnaires, l’association n’est pas faite pour vous. Par définition, une association n’a pas vocation à distribuer des dividendes. De plus, vous pouvez rencontrer des difficultés à convaincre des profils d’investisseurs souhaitant injecter des capitaux en contrepartie de parts sociales. Ainsi, le statut associatif convient principalement aux communautés vouées à la promotion de l’innovation, au partage de connaissances et au service de l’intérêt général, plutôt qu’à la création d’une société technologique valorisable.