Règles de fonctionnement et obligations légales
Au-delà de la composition, les statuts doivent formaliser les règles de fonctionnement du conseil. Celles-ci concernent notamment la fréquence des réunions, la distribution des pouvoirs, les modalités de convocation et de quorum, ou encore l’adoption des résolutions. Dans certains cas, un règlement intérieur pourra venir compléter les statuts pour préciser des points pratiques : utilisation d’outils de visioconférence, format des comptes rendus, etc.
En tant qu’organe de gouvernance, le conseil d’administration est soumis à une obligation de diligence : ses membres doivent se tenir informés de l’évolution de la société, lire avec attention les rapports financiers, interroger la direction en cas de doutes, etc. Cette obligation est d’autant plus marquée lorsque l’entreprise se lance dans des opérations stratégiques (acquisition, entrée au capital d’un fonds, signature d’un partenariat majeur). Dans une SA, l’article L225-251 du Code de commerce précise d’ailleurs que les administrateurs peuvent être tenus responsables des fautes commises dans leur mission, dans certaines limites définies par la loi. Il est fréquent de prévoir une assurance spécifique (responsabilité civile des dirigeants) pour couvrir les risques liés à ce mandat.
Les réunions du conseil
Les réunions du conseil d’administration sont le moment privilégié de la prise de décision et de la coordination stratégique. Selon la taille et la nature du projet, elles peuvent avoir lieu tous les trimestres, voire tous les mois dans certaines start-up en forte croissance. Les statuts ou le règlement intérieur préciseront la procédure de convocation (messagerie électronique, courrier, etc.), le délai de convocation (souvent 8 à 15 jours avant la réunion), et les documents à transmettre en amont (ordres du jour, documents financiers, rapports d’activité).
Pour valider les décisions, on applique généralement une règle de majorité : selon les cas, la majorité simple ou renforcée (réunion d’un certain quorum, nécessité d’une majorité de 2/3, etc.) peut être exigée. Les administrateurs peuvent également se faire représenter par un autre administrateur, via une procuration, pour ne pas bloquer le déroulement des votes. Toutes ces règles doivent être formalisées avant l’entrée en fonction du conseil.
La prise de décision
Le conseil d’administration doit statuer sur les sujets majeurs (approbation des comptes, nomination ou révocation du directeur général, répartition du capital lors d’une augmentation de capital, distribution des dividendes, etc.). Dans une start-up, des décisions plus spécifiques peuvent également relever de sa compétence : validation d’un pivot, lancement d’un nouveau produit, choix des priorités en R&D, signature de partenariats stratégiques, etc. La formalisation de ces rôles et responsabilités dans les statuts permet d’éviter les zones grises et de clarifier le champ d’action de chaque instance (par exemple, vigilance dans un comité de direction opérationnel versus supervision dans un conseil d’administration).
Un exemple concret : lorsque vous envisagez de lever 2 millions d’euros auprès d’un fonds d’investissement, le conseil d’administration joue un rôle déterminant : il valide le plan d’affaires présenté, discute les conditions du pacte d’actionnaires, et fixe les modalités de gouvernance pour l’entrée du fonds au capital. S’il donne son feu vert, la direction peut alors procéder aux formalités administratives (mise à jour du Kbis, rédaction des nouveaux statuts). Sans cette approbation, l’opération pourrait ne pas aboutir.